Inde, pauvreté ou misère ?

Je suis de la génération des “Chemins de Katmandou” de Barjavel et cette attirance pour l’Inde, son exotisme, ses religions et philosophies ont bercé mes années de jeunesse. Cet appel était si fort que j’ai lutté pour ne pas céder, à l’époque, au voyage initiatique vers un ashram du Sud du pays. Paul Brunton et son “A search in secret India” ou encore “La vie des Maîtres” de Baird Thomas Spalding me ramenaient sans cesse vers cet univers fascinant.

L’appel de l’Inde fut toujours présent dans mon esprit :

A cette époque, se rendre en Inde se résumait avant toute chose à une question simple: allait-on être capable de supporter la misère et la pauvreté visibles partout dans le pays. 
“La Cité de la Joie” de Dominique Lapierre ou le “Camp des Saints” de Jean Raspail n'arrangeait pas les affaires des organisateurs de voyages et pourtant ?... 
Il y a toujours eu des voyageurs curieux pour entreprendre ce qui allait devenir pour un grand nombre d’entre eux, après l’expérience de la découverte enrichissante et révélatrice de l’Inde, le début d’une réflexion profonde.                                                                                                                
Pour ma part, la vie en décida autrement, mais j’ai eu l'immense chance de faire carrière dans le tourisme et ainsi de pouvoir voyager à travers le monde pour mon travail.

Un premier contact inoubliable :

C’est sur l’insistance de mes amis Indiens, Dimple et Sarvin, que je me suis enfin décidé à 50 ans, à me rendre pour la toute première fois en Inde. Un voyage inoubliable que me concoctèrent ces délicieux professionnels qui connaissent leur pays mieux que leur poche et savent avec une créativité sans pareil  établir les plus beaux, les plus originaux programmes qui soient.
Quelques heures à peine après avoir quitté Paris et notre monde occidental, sur les terrasses du Manikarnika Ghatt de la Sainte Bénarès, à quelques mètres des bûchers des crémations, aveuglé par le reflet du soleil couchant sur le Gange, dans les volutes de fumée, les psalmodies des officiants, les prières et les lamentations des familles éplorées, je reçu la bénédiction de ce pays où je devais depuis lors revenir sans cesse pour le parcourir en tous sens, à la moindre occasion.
Donc, c’est un fait. Si l’Inde est une destination touristique populaire qui attire chaque année des millions de visiteurs du monde entier à cause de son riche patrimoine culturel, ses monuments extraordinaires, ses paysages variés, puissants,si diversifiés et sa cuisine odorante, savoureuse et délicieuse, elle reste par certains aspects une destination qu’il est nécessaire d’aborder en bonne connaissance de cause pour s’assurer un voyage en douceur et en toute sécurité.

Aborder la destination avec respect et humilité

Il est important ici de ne pas faire référence au passé. “De mon temps” est à prescrire tant les changements dans ce pays sont si rapides, si profonds et importants. 
Le décollage économique de la nation indienne, le pays le plus peuplé de la planète, n’a pas pour autant tout changé. Loin s’en faut !  
Mais rien à voir avec ce qu’était la réalité d’il y a encore une vingtaine d'années. 
Le pays est diversifié et présente un large éventail de conditions économiques très contrastées. Il reste confronté à de très grands défis liés à la pauvreté et aux inégalités selon les régions, le monde rural, les mégalopoles, le nord aux pieds des Himalayas et dans la vallée du Gange et le sud tropical qui n’a jamais connu les invasions mogholes… 
L’Inde reste une destination captivante.
Préparez donc votre voyage avec application. Soyez là, plus qu'ailleurs, en éveil permanent, respectueux et ouvert d’esprit pour y vivre une expérience enrichissante et agréable.

Quelques conseils :

Conseil n°1 : Faites appel à votre agent de voyages qui saura sélectionner le voyagiste et la formule qui vous correspondront le mieux. 
Le correspondant local emploie des guides parlant un français remarquable. 
Votre guide sera votre sésame. Omniprésent il saura vous rendre d'inestimables services au premier rang desquels vous faire aimer son pays dans son incroyable diversité et complexité malgré ses paradoxes. Il vous donnera les clés pour mieux comprendre la société indienne.   

Un second conseil: ce pays est un sous-continent. Illusoire de tout voir en un seul voyage, même en deux ou trois. Commencez par l’Inde du Nord et le classique Triangle d’Or:  Delhi-Agra-Jaipur. Vous pourrez reprendre votre découverte en y ajoutant le Rajasthan de Pushkar à Udaipur en passant par Jodhpur. 
Un chapelet de villes magiques et une région chargée d’histoire et pleine d’énergie. Laissez à un troisième périple la possibilité de visiter le Sud à partir de Calcutta ou Bombay vers le Kerala et l'État voisin du Tamil Nadu. Vous découvrirez un tout autre pays, des merveilles insoupçonnées et ferez une collection de souvenirs inoubliables.

Rappels:

  • Lisez les avis d’autres voyageurs sur les endroits que vous prévoyez de visiter.
     
  • Tenez-vous au courant des informations pour les français se rendant en Inde sur le site de France Diplomatie https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays-destination/inde/#securite
     
  • Souvenez-vous de vous habiller de façon décente, normale voire modeste surtout dans les sites religieux et en milieu rural afin de respecter les coutumes locales.
     
  • Évitez de vous exposer trop ostensiblement avec vos objets de valeur, coûteux et qui pourraient attirer la convoitise, notamment pendant les visites d'endroits très fréquentés.
     
  • N’oubliez pas votre trousse à pharmacie, vos médicaments nécessaires et suivez les recommandations de votre guide en matière sanitaire pour l’eau et la cuisine parfois très épicée.

Bien sûr il y a les multiples témoignages de tous ceux qui ont voyagé dans d’autres conditions dont les récits sont édifiants et plein d’enseignements mais la destination possède tant d’hébergements de caractère, uniques, exceptionnels et à ce titre très réputés qu’il serait dommage de gâcher sa première découverte en vivant de désagréables déconvenues. 
Ainsi, sereins et décontractés vous pourrez faire, fort de votre expérience personnelle,  la différence entre la pauvreté, état de ceux qui vivent dans le besoin de façon digne et parfois remarquable et la misère qui évoque le malheur, la peine et la souffrance et que nous devons combattre partout où nous la rencontrons.

À la façon de Paul Mac Cartney qui clame son combat contre le racisme en prenant à témoin les touches blanches et noires du clavier de son piano, je dirai pour décrire l’Inde « Poverty and Misery, side by side, live in a certain harmony »  

Bon voyage, bonnes découvertes.

Richard SOUBIELLE
Juillet 2023